C'est ta bouche sur mes sens
Et ne passe, et n'oublie
Jamais, oh grand dieu,
Que cet air sur ton rire
C'est mon cœur sous tes doigts
Qui bascule quand tu fuis
Tombe à tout fracas
A volo, peu m'importe, si j'en crève aujourd'hui.
Ça me prend à la gorge et me fait suffoquer, autant d’audace. Les mots manquent beaucoup trop souvent à l’oral, ils restent coincés dans la gorge ou alors on ne leur laisse pas l’instant magique de lucidité et de vraisemblance. On jacte à longueur de temps en restant dans le superficiel, sans jamais aborder de sujets véraces sur soi-même, sans jamais se faire entendre ou voir de l’autre. J’ai comme un blocage à l’expression, à la naissance même de la parole, quand il s’agit de parler de moi, sous l’épiderme. Je monte en température tout en évitant avec humour, cynisme voire autodérision les questions ou sujets qui me gênent. J’ai toujours été bien plus pudique des mots que des vêtements. Les mots, les écrits surtout, sont d’une véracité sans égale mesure, peu importe qu’on invente ou que l’on mente par la plume, il reste cette lecture en filigrane transparente et perméable. Il suffit simplement d’un peu d’audace et d’intelligence, ou même de l’instinct, pour lire sans détours les tréfonds de l’âme. Cela reste des suppositions, tout de même, une théorie de plus. Je suis pudique des mots, de ce que je suis, de mes travers, mes erreurs, de ma violence. C’est une mise à nu qui me rend agressive, sauvage. Tout ce qui se passe sur la peau m’amuse et m’indiffère, tout ce qui dépasse la charnière et s’aventure sous la peau me heurte, me commotionne.
Je suis en colère des mots des autres.
Je me croyais à l’abri, au moins suffisamment pour la traversée.
©Fandangleee
Personne ne cède, à qui bouffera l’autre, de l’imbu, de
l’orgueil, du sang-froid.
J’hésite entre la défenestration et le poignard.
Te regarder faire le grand saut, du haut de ton ego, voir si tu feras de la marmelade de gouaches, des arabesques sur les pavés. Si tu vas partir définitivement, t’estomper de ma peau.Ou si du bout d’une lame, je vais t’accorder pardon, miséricorde ou inquiétude. Te persécuter jusqu’à la charnière, te faire aboyer après moi, encore un peu. Te lécher le sang, en foutre partout sur les claviers et rire à m’en éclater les poumons.
Si tu as les mots violents, plus blessants que tes silences ou tes mains, je ne vais pas décolérer. Sans mémorandum, on se fou en l’air. Je voudrais te faire bouffer ta suffisance mais j’ai bien trop peur que tu t’étouffes avec.
Entre l’envie de t’apaiser et de te tuer, je suis déphasée.
Et tu restes là, moue en coin, renfermé, blessé, obsessionnel dans le fond. Putain t’as
l’air encore plus paumé que moi, je suis juste rongé de folie, toi
t’es bouffé de désillusions.
22/02/10
Grain de peau
17h30 Soleil
J’aurai voulu que t’accroches les rayons du
soleil sur le
tangible de ma peau.
Et pas uniquement à la charnière. J'ai tendance à pâlir, de grains de
beauté en
grains de soleil.
C'est vrai que je suis un soupçon diaphane, quand il orage.
Au soleil, je fonds. Je ne bronze que de
tendresse et d’à-coups
d’épiderme.
Alors, c’est fou, ce que tu me fais fondre.
Tu lèches mes doigts, en filigrane, j’ai un gout
tendre/amer.
Un putain de fruit pas mûr.
Je me gorge de pluie, à pourrir, jamais de toi.
17h35 Pluie
Trouvé sur ce site (photographe amateur) ou ici
23/02/10
J’ai sommeil encore. S’il me récupère, au bord
du chemin, au
détour d’un café, juste pour aller se prendre une douche froide et se
réchauffer avec du peau à peau, je potentialiserais tout ça à
l’affirmative.
Comme ça, j’aurai au moins l’impression d’y avoir réfléchi deux
secondes. Alors
que ça ne m’en aura pris qu’un quart pour l’éclair d’imagination et de
gourmandise. Je suis emportée
comme à chaque fois, survoltée. Je me dis juste qu’on pourrait refaire
du
bouche-à-bouche avec nos langues, développer encore un peu mes/nos théories
sur les
ressentis, appâter notre infidélité chronique et notre incapacité à être
stable
ou évoquer quelques un de nos épisodes charnels sur un ton badin, avec un fond de musique pour couvrir nos voix, et surtout, nos cris.
J’sais pas
qui a le plus mangé l’oreiller, mais j’en garde un goût de plume assez
grisant.
C’était une nuit de pauses alanguies et d’excès
désordonnés de débauche.
Amen.
« Juste un peu de voix, un souffle pour suggérer...
Te laisser imaginer, la chute...
Sur ton chemin,
Le long de tes reins... »
Pix : Nicola Ranaldi
28/01/10
Juste se fondre dans la tendresse d’autres
bras.Prendre le pas sur le temps et le froid envahissant. Il neige à
n’en plus
finir aux pays des soupirs. C’est si étrange d’être seule et de
s’entourer de
présences. S’envelopper de la chaleur des autres. Au détour de quelques
notes
de musique, un archet agile qui griffonne et enlace les langueurs
enfantines,
un duo de voix au charme inextinguible. L’assouvissement des pulsions
tendres
de nos battements de cœurs. L’âme en retrait, pour un temps, celui de
reprendre son souffle, respirer une bouffée d’air froid au dehors en frôlant les
flammes
alléchées. Indolents et pétrifiés par les pulsations des corps autour
de nous. Être ancré dans notre solitude certaine, dans un bien-être doux et irréel,
raccroché aux autres par les sens chiffonnés de tendresse, de chaleur
humaine.
La musique adoucit les peines et raccroche les hommes à leur solitude et
leur
vulnérabilité. La clameur de la foule porte pourtant, à bras le cœur,
vers des
potentialités d’aimer indéfinissables. Vous aviez l’air d’enfants. Mes groupies
aux
airs de poupées. Commotionnées soudain par la proximité des autres. Écorchées par
le grain de voix saisissant d’un homme, par le charme d’un accent, de
doigts agiles
sur des cordes chatouilleuses et pimpantes.Tout ce bruit autour de nous,
cette
effusion en filigrane.
I Must Be Dead Photography
C'est d'une simplicité extravagante toi et moi. Cette tendresse sur le pouce.
On grignote des minutes, des heures, des nuits, du sommeil.
On se laisse planer sur la musique, les yeux au (ciel) plafond, ou les yeux dans les yeux.
J'aime ta voix taquine, un peu enrouée, ta pudeur et ton empressement.
On fait l'amour, on baise comme des dingues et on éclate de rire.
On dévore du chocolat et on s'endort en oubliant d'éteindre la radio.
Moi ça m'va comme ça, simple et tendre. Nos corps ont l'air de s'être connus avant nous,
et ils s'aiment comme ça, sans complexes. Comme deux enfants, en plus débauchés, bien sur.
J'suis une gosse capricieuse, t'es un adulte consciencieux, il parait. Toi et moi, on s'amuse-bouche.
Sucrerie suave et silence musical.Tu m'écoutes déraisonner à toute heure de la nuit, et le matin tu attises
la chair. Tes bras sont délassants et ta bouche fantaisie. On se retrouve peau à peau toi et moi, sans arrêt.
C'est con mais être deux parfois, juste pour ne pas dire, c'est doux.
« Maintenant qu’elle en connait un rayon. Dans la
possession. »
Fentes hystériques
Bouffer la page par le haut.
J’ai ta migraine qui me prend dedans la tête. J’ai vécu
chacun de mes mots, plus écorchés que je ne les pensais, avec force et dédain. Ou comment j’en suis arrivée à ressentir cette colère sourde avec un étonnement certain.
Dans le flou. Allongée sur le carrelage glacé, ça avait quelque chose de dérisoire
et de comique, cette situation. J'avais pas saisi le froid au fond de tes
bras bien trop ouverts et sarcastiques. Et chaque gorgée pour chaque parcelle
de jalousie. Des miettes. A croire que j’ai cette surimpression, ce calque
faussé de face, imprimé sur le visage, d’insensibilité. Peut-être croit on que
ça ne me touche pas, que j’suis en pierre, une forteresse de bonne humeur et de
sourires. En vérité, ma forteresse est de soupirs et de dentelle.
J’ai eu cette tranchante image de toi, comme un rayon de soleil en plein hiver, j’sais pas moi. Histoire de me sentir vivre, respirer l’air un peu plus goulument. Et comme j’ai imprimé mon regard sur ta peau, et de mes yeux je bouffais les possibilités. En puissance. Toute en suspension et en potentialités que j’étais. Avancer d’accord, mais pour aller où ? Alors je suspends. En équilibre sur le fil, prête à m’encoubler.
J’suis la fille qu’on met sous la couette.
J’suis pas la fille au gobelet à deux brosses a dent.
Putain.
« A terre j’y suis, remets moi en vie… »
10/11/09 15h37
Je prends un train à l'envers l'inconnu. Le paysage défile en retour en
arrière. Reward. Pas que j'ai l'impression de reculer ou d'avancer.
Finalement, on ne fait qu'avancer. Le spleen c'est pour ceux qui savent appuyer
sur la touche pause de leur vie. Je n'en ai pas le temps. Je n'en
ai même jamais vu la couleur, de la touche. Je cours un marathon. Sans ligne d'arrivée.
Te gratter, le dos, les cheveux, les joues, te gratter le dessus de la peau, approfondir.
Voir ce que tu caches au delà de cette peau, trop fine, trop superficielle, ce que tu caches
dessus, dessous, dedans, à l'écorchure,
à la charnière de ton âme, voir qui tu es, tu sais,
vraiment.
-----------------------------------------------------------------------------------
11/11/09 - 20h40
T’es une
drôlement douce parenthèse à l’orée de ma vie. Une présence tendre, rassurante
qui tend à la familière d’une si jolie manière. Un peu à la douceur du sucre
qui coule et fond dans le café chaud du matin, en hiver, les yeux encore ensommeillés,
avec sensualité, tombant incertain, délicat, troublé pourtant, dans la douceur
de nous deux, retrouvés, découverts.
Je pourrais
facilement me laisser glisser dans l’ombre de ta vie. Y’a un truc attirant, enivrant,
une routine légère, douce à la commissure de tes lèvres, au sourire enfantin
que tu m’offres. T’ouvres tes bras pour accueillir, m’accueillir comme ça, sans
un faux mot, dans un silence touchant, naturel. Une simplicité brute, une
gentillesse déconcertante, un air qui laisse croire à la sensibilité délicate d’un
bouton de rose qui éclot.
On croirait
que la vie est douce ici, par ici, dans tes bras, réconfort temps. Pas de
violence, pas de colère, pas de mots trop hauts trop durs, pas d’horreurs. Je
suis ailleurs du monde, à cran, à cœur, de ton naturel et des soupirs que tu
murmures à chacun de tes regards, dans les creux de tes silences. Troublants.
13/11/09 - 16h12
Je n’ai pas
envie de revenir immédiatement à la vie, la brute, l’écorchée. J’ai l’esprit
encore délicieusement embrumé de mots, si beaux, si choisis, si parfaits.
Putain de mots qui m’accrochent, je dis toujours. Mais c’est tout simplement,
pour cette fois, plus, bien plus, que ça. Profond. Vibrant. Un choc sourd dans les
abysses. On a heurté quelque chose au fond de moi. Bam. Les mots ont rendus l’impossible
possible, l’art en adéquation à ma sensibilité, les maux en mots, le commun en
saisissant. De la
musique dans le flou bruyant de mes futilités. Beauté. Tranchante. Décadente. Les
mots ont heurtés mes yeux aveugles, accrochés les images hautes en couleur,
fait vibrer mes songes dans un semblant de possible. Un changement dans l’immuable.
Ce qui me percute dans la littérature, c’est les sensations, mots, grammaire,
combinaisons, la description ds sensations à un tel point de virtuosité qu’on
finit par les ressentir avec une netteté improbable, une précision qui tranche
à l’extrême, plus nettes encore qu’un ressenti du quotidien flouté par des
émotions dont on est l’expérience. Parce que tout simplement, on ressent des
désirs que l'on n’a pas cherchés à vivre. Ils ont alors cette émotion toute
particulière d’être imprévus et saisissants.
[J’ai réconcilié ma plume au papier.]
"Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté."
J’veux faire l’amour à m’évanouir, à m’étourdir, à défaillir, à en perdre les sens et la raison.
J’veux faire l’amour à t’en griffer la peau jusqu’au sang, lécher ta sueur du bout de ma langue pugnace, entendre tes sourires les yeux fermés, toucher tes soupirs du bout de mes ongles ensanglantés.
J’veux faire l’amour à en perdre tout logique, toute conscience, toute faculté. Aveuglée, affolée.
J’veux te baiser au plus profond, te sentir crever de moi dans le creux de mes hanches, j’veux encaisser tes baisers avec un fanatisme maladif, irrépressible, incontrôlable, faire l’amour à m’en briser le dos d’avidité, d’insouciance, d’inconscience. J’veux te sentir comme un uppercut en pleine poitrine. Te sentir juste là dans le dedans de moi et être damnée à caresser ta putain de peau brisée, voir les traces de moi sur le dessus de toi, l’amertume de ma salive sur tes lèvres béates. J’veux te baiser comme on se tire une balle. J’ai envie de la violence. J’veux VIVRE tes mains agressives et sensuelles, tortures et caresses. J’veux ta révolte, ta douleur, tes excès, ta force. J’veux qu’on se déchaîne pour ne pas s’enchaîner. J’veux attiser ta colère, exciter tes instincts. J’veux étreindre ta haine, exalter ta douce brutalité. J’veux me défoncer au venin de tes lèvres. M’enivrer de tout ce que je pourrais boire à ta bouche. J’veux être cinglée de toi. Etre méthodiquement excessive et insupportable. Te baiser grand comme un cratère, que tu m’arraches à la vie, que tu bouffes de moi à t’en écœurer, que tu marbres mon âme de ton souvenir déchirant et cruel. J’veux te sentir hurler en moi de toute ta chair, j’veux qu’on s’mélange à en perdre toute humanité. Promiscuité étourdissante, un amalgame brutal, violent, pervers.
« Tu/es
Tellement envie d'être encore une enfant, fourrageant quelques trésors au fin fond d'un bac à sable. Une gosse qui a finit par lâcher le râteau et la pelle en plastique pour enfoncer ses petits doigts boudinés et fragiles dans le sable mi froid mi chaud d'une fin d'été. Une gosse, cheveux dans les yeux, une étincelle de rébellion amusée au fond du regard et des rires tapageurs résonnant dans l'air.
Envie d'être ta gosse, enfouie au cœur de tes bras, ne penser qu'au gouter confiture de lait et pain brioché et au dessins parcheminés de larmes de joie qui t'esquissent toi et moi. Une ébauche sentimentale de l'enfance et de l'amour innocent, tant qu'il le peut. Tracer une ligne de conduite jusqu'au bout de la feuille, continuer sur la table et tomber sur le sol jusqu'à ce que le mur trop haut arrête notre folie créatrice et débordante. Décalquer mes envies sur ta peau, griffonner mes illusions sur ton âme inconstante. Reproduire encore et encore ce même geste, du bout des doigts, dessiner a n'en plus finir ce qui n'arrivera pas. Comme une gosse. Mêmes avec des crayons mal taillés et tout cassés, rafistolés, je redessine les contours à jamais.