A se balancer des trucs à la tronche, sans arrêt, on risque de se fendre de rire. Quand on aura tout piétiné autour de nous, avec nos cris et nos émois, mes baskets souillées d’impuretés, tes talons bouffés par les dalles, l’asphalte inflexible. C’est que moi, tu vois, j’t’attendais au détour de tes vas et viens incessants dans mon espace vital, avec cette rage au ventre qui t’emplit toujours de cris grandiloquents. Ceux que tu hurles à tout va, partout, à me casser la tête, dans les aigus, avec tes dents qui crissent de rage et ta futilité de gosse brisée, dans le tréfonds de tes yeux entamés par l’acide, tu vois, tu sais, à trop chialer, ma conne.
J’comprends pas pourquoi tu saisis pas, pourquoi faut toujours tout te dire, t’expliquer, ça me bouffe, l’acerbe que tu jettes à chacun de tes soupirs, tes yeux au ciel, à te baffer, je t’en foutrais des claques sur tes joues pâles de martyr, fracassée, par ta connerie, à jouer le mélodrame de l’existence, la tienne. C’est juste que j’en peux plus, je me déchire les lèvres au sang pour pas perdre en placidité, pas me casser de là, comme ça, à fond sur l’autoroute pour plus t’entendre, dans le fond, à hurler en silence ton enfer de femme commotionnée par les souvenirs, paumée dans les limbes. J’en peux plus, tu vois. Non, tu vois pas, tu comprends pas. Y’a que toi qu’il faut toujours comprendre, avec ta psychologie à deux balles, dans la tête, là, là dans la tête, merde !
C’est pas que je t’aime pas, mais
tu me crèves dans l’œuf, tu m’étouffes comme un chiffon en plein dans la
gueule, au fond de la gorge, que t’enfonces avec tes doigts vernis avec méticulosité,
perfection tordue et cinglante. Comme tu les peinturlures, tes doigts, à me
griffer la peau, on croirait que ça t’amuse, d’hurler, hurler. Sans t’arrêter,
jamais. Hurler tes silences avec tes yeux pour mieux vampiriser l’air autour de
toi, ça se distend, ça se tord, ça brule comme des charbons ardents, on
suffoque, tu asphyxies le peu d’air dans mes poumons.
T’exiges, tu réclames, tu
quémandes, tu mendies, tu tapes du pied comme une enfant traumatisée, jamais assez
gâtée. Putain ! Faudrait juste que tu te calmes, bébé, que tu prennes tes
cachets, que tu me foutes la paix. Et j’t’apporterai ton thé, bébé, avec les
feuilles, la cuillère en cœur, la p’tite brioche et tout et tout. Juste que tu
respires, là, inspirer, bouffer une gorgée d’air trop poivrée, juste que tu respires,
parce que là, tu te cannibalises. Tu remarques pas, tout cet acide au fond de la
gorge, ça te claque les tripes. Putain, bébé, faudrait juste arrêter. Juste que
t’arrêtes de crier, crier avec ces yeux là, qui puent l’angoisse. Ça m’fous des
tremolos partout sous la peau. J’vais céder, tu sais, j’ai déjà les yeux qui
hurlent en silence, tout comme toi, putain. A nous deux, on va devenir cinglés, tarés, c’est ça que tu
veux non, deux plantes vertes dans un bocal.Et y'aura plus d'air, aucun, plus rien, plus de bulles, plus de souffle.
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