J’ai l’impression de t’avoir rencontré il y a peu ou peut-être de te
connaitre (un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout) depuis toujours. Je te
sous entend toujours de la même manière, enfin, je t’imagine. Juste là, posé,
sur un genre de canapé pouf, un bedo fuyant entre les doigts, le verre de
martini calé sur une table basse, entre un bouquin de médecine et une paire de
lunettes sérieuses et si j’osais, sexy, portées sur le bout de ton nez. Un
sourire espiègle et satisfait sur un menton mal rasé, qui pique, un poil, un
peu. Tu me sortirais une vanne, un peu méchante, peu scrupuleuse, bien placée,
excitante. Juste ce qu’il faut pour aiguiser la curiosité et se mettre les
nerfs en plote, à deux, c’est mieux. Suffirait d’un rien, d’un mot, d’un jeu,
pour faire monter le ton entre nous deux. Juste ce qu’il faut d’agacement,
d’excitation, d'insolence et de douceur pour s’arracher les cheveux…, les
vêtements ?
T’écrases ta clope. C’est anodin pourtant. Quelque chose de naturel, tellement
naturel que l’on y prend plus garde, venant de toi. En relevant la tête, tu
souris à une blague idiote, une remarque sensée, insensée. Peu importe. Tu ne
fais jamais rien comme les autres, ou plutôt jamais rien comme tout le monde. Bien ou mal, qui jugera. Peu protocolaire en tout cas, la
façon dont tu me griffes le dos.
Tu bois quelques gorgées de martini, essuies la petite goute fuyante sur le
rebord du verre. Et c’est juste, comme une envie de glisser ton doigt dans ma
bouche, le lecher, le mordiller, le devorer.
Hello goodmorning by cloud room
Le gout du citron dans le fond du verre de martini a un gout sucré, acidulé, piquant.
Un peu comme toi, je crois.