Je poursuis des éléphants, le soir, dans les rues pavées, mal éclairées.
De gros éléphants tout roses, bedonnants et maladroits. Je vois des éléphants roses dans les bars, tard ou tôt, dans les pubs irlandais, aux tables en bois brut, aux salles voutées et intimes, lorsque les gens censés finissent par s’enfuir, qu’il ne reste plus que les buveurs d’irish aux moustaches de crème chantilly et les dames apprêtées qui rougissent de s’entendre appeler Mademoiselle. Je compte les pachydermes sur mon tabouret branlant, avec les doigts de ma main libre. Je fais le décompte des vies passées en me demandant si je me cache derrière des mots ou derrière des silences. Si je ne confuse pas tout, à tant rougir, à tant craindre, à tant rire de la vie.
« Don’t worry, life is easy… »
Donnes toi un peu de mal.
Donne toi un peu plus de mal pour sentir les jours qui défilent et s’emballent sous tes yeux, entre tes doigts, que ça éclate de part en part. Dans la douleur, les penchants tendres des corps ont toujours plus d’éloquence. Brasser de l’air, c’est débilitant sur le long terme.
Violence-toi un peu. La sédition des sens se mesure à la vivacité du cœur. Et quand tu n’auras plus peur, on s’écorchera l’âme aux aléas de la vie. On provoquera les accidents, les imprévus et les maladresses de parcours pour sentir palpiter sous nos doigts, au delà de l’épiderme et des mots superflus. Et peu importe le monde, les en-dehors et les coercitions, Je veux t’éprouver contre ma peau, te bouffer des doigts, te respirer sans pudeur de l’aube au crépuscule, immanquablement.
Esquisse-moi dans ton sillage. On ira par quatre chemins et plus si affinités.
Commentaires :
Cela porte un nom :
Ne leur cours pas trop après, tu vas finir par t'épuiser!!
Tu es au courant que c'est l'un des plus beaux textes que j'ai pu lire ici?
Il y a ça, puissant de justesse : Je fais le décompte des vies passées en me demandant si je me cache derrière des mots ou derrière des silences.
myel
Bisous sucrés!